Déclararion de l'autonomie du grand Rif au Maroc en marge du colloque international sur « fédéralismes et autonomies dans le monde et au Maroc », à Nador le 4 et 5 août 2007.
Les membres du conseil de la Confédération des Associations culturelles Amazighes du Nord du Maroc, réunis en marge du colloque international sur « fédéralismes et autonomies dans le monde et au Maroc », à Nador le 4 et 5 août, ainsi que les participants épris des valeurs de justice, de l’égalité et de la liberté, déclarent ce qui suit :
- Après avoir rappelé que le Grand Rif a subi les péripéties des protectorats, de l’occupation, de l’exploitation et du confinement dans le sous-développement ;
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Vu que la politique menée, tout particulièrement par le protectorat espagnol, a confiné le Rif dans un enclavement et un sous-développement qui se poursuit encore plusieurs décennies après l’indépendance du Maroc ;
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Considérant que l’indépendance politique du Maroc a été l’occasion d’exacerber la contradiction et la répression contre le Rif et les Rifains, notamment avec les sanglants évènements de 1958-59 ;
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Vu que le Grand Rif est une notion géographique qui recouvre tout le Nord du Maroc et va depuis l’atlantique jusqu’à la frontière algérienne bordée au nord par la méditerranée et au sud par la chaîne montagneuse du Rif ;
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Compte tenu de ce que les instruments internationaux et nationaux consacrent les principes d’égalité et de liberté des hommes et des femmes sans distinction aucune, et reconnaissent le libre exercice des droits civils et politiques ainsi que ceux économiques, sociaux et culturels ;
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Vu qu’afin de fuir les affres du sous-développement, de la misère, du chômage voire de la répression, les fils du Rif ont du se vouer à l’exil, délaissant le Rif pour les pays étrangers ou l’intérieur du Maroc ;
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Compte tenu de ce que le Rif a subi et continue de subir les conséquences d’une guerre chimique où l’Etat espagnol a employé des armes chimiques de destruction massive, sans que personne ne s’en soucie ;
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Vu que le Rif a subit la négation de ses droits les plus élémentaires ;
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Vu les limites de l’Etat centralisé et que le Grand Rif marginalisé a été privé des politiques de développement et de croissance économique, sociale et culturelle ;
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Considérant l’histoire du Maroc en général et du Rif en particulier et notamment l’épopée des résistances de Mohamed Chérif Ameziane et de l’Emir Mohamed Abdelkrim El Khattabi contre les agresseurs espagnol et français ;
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Vu les particularités et spécificités passées et présentes du Grand Rif ;
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Considérant les discours officiels, sur l’intérêt de l’autonomie des régions ;
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Compte tenu des derniers développements au sujet du plan de l’Etat marocain pour l’autonomie de la région du Sahara ;
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Vu les progrès enregistrés par les régions autonomes dans nombres de pays, notamment l’Espagne, l’Allemagne, la Suisse, la Belgique, etc. ;
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Compte tenu du droit des peuples à la libre et authentique autodétermination et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ;
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Vu le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ;
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Convaincus que seule l’autonomie des régions est à même de responsabiliser les populations concernées et de permettre un développement des régions et d’assurer l’effectivité des droits démocratiques et sociaux ;
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Compte tenu des potentialités économiques et sociales du Grand Rif géographique ;
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Compte tenu de l’aspiration des peuples à la paix, à la sécurité et au bien être ;
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Vu les projets d’Union du Grand Maghreb et d’Union de la Méditerranée ;
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Considérant le principe de l’égalité et de l’interdiction de toute discrimination entre Marocains ;
Proclamons et revendiquons ce qui suit :
Article 1. Le plan du Maroc pour un statut d’autonomie pour la région du Sahara, tel que remis aux Nations Unies pour servir de base de négociation, est une initiative sérieuse et louable à même de permettre de répondre aux aspirations légitimes des populations concernées qui pourront concrétiser leur droit à la libre et authentique autodétermination.
Article 2. L’autonomie des régions, au Maroc, est à même de renforcer l’unité et l’intégrité territoriale du Maroc par le recouvrement de ses frontières authentiques.
Article 3. En cas d’échec des négociations avec l’Algérie et le Polisario, le Maroc doit sans tarder, en toute souveraineté, décider de mettre en place l’autonomie des régions sur l’ensemble du territoire national.
Article 4. L’option d’autonomie ne doit en aucun cas être comprise comme la réponse politique de conjoncture à un problème précis, en l’occurrence celui du Sahara. Le choix de l’autonomie des régions provient de la conviction qu’il s’agit là d’un instrument juridique et politique à même de répondre aux contraintes du sous-développement, de l’exclusion, de la marginalisation, de la pauvreté et de l’ignorance, ainsi qu’aux aspirations des populations à une vie meilleure et au plein exercice des principes démocratiques.
Article 5. Pour la concrétisation du principe de l’autonomie des régions du Maroc, le peuple marocain doit être appelé à voter par voie de référendum pour l’insertion de l’autonomie des régions dans la constitution marocaine.
Article 6. Le Grand Rif, dans le sens géographique du terme, depuis l’Atlantique jusqu’aux frontières avec l’Algérie doit bénéficier d’un statut d’autonomie en rapport avec ses spécificités historiques, géographiques, linguistiques et culturelles, et en rapport avec les contraintes qu’il subit depuis l’indépendance du Maroc ainsi que les aspirations légitimes de ses populations.
Article 7. Afin de sortir le Rif du sous-développement, il est urgent de définir et exécuter un plan d’urgence de reconstruction et de mise à niveau économique, sociale et culturelle. Ce plan d’urgence pour la reconstruction et le développement, dont l’idée avait été exprimée par le souverain en mars 2004 n’a toujours pas vu le jour.
Par: Rachid Raha
Source: www.amazighworld.org