· Près de 400.000 élèves étudient la langue amazighe
· Des progrès à consolider dans le champ audiovisuel
Où en est la culture amazighe après le discours du Souverain à Ajdir, il y a 9 ans? Le bilan de cette étape a été présenté par les responsables de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), lors d’une conférence de presse, tenue samedi dernier à Rabat dans le cadre de la célébration de cet événement. «Le discours d’Ajdir reste un acte politique fort pour la réhabilitation de la culture amazighe», rappelle Driss Krouz, membre du conseil d’administration de d’Ircam qui animait cette conférence de presse. Ce qui a permis la mise en place du cadre institutionnel et des structures opérationnelles pour la promotion de la culture amazighe. Globalement, les réalisations durant cette période sont encourageantes, estime Krouz. «Les indicateurs de performance sont là pour attester de la qualité du travail accompli, notamment dans les secteurs de l’enseignent, de la culture et celui du champ médiatique audiovisuel», confirme Ahmed Boukouss, recteur de l’Ircam. Sur le volet de l’enseignement, il faut rappeler que la langue amazighe a été intégrée dans les programmes scolaires du primaire à partir de 2003-2004. «Pour cette rentrée, le nombre d’élèves bénéficiaires avoisine les 400.000, soit près de 10% de l’ensemble des élèves inscrits», avance Abdeslam Khalafi, chercheur à l’Ircam. Pour accompagner ce chantier, l’établissement de Boukouss s’est chargé de la préparation des ressources humaines. Ainsi, pour le cycle du primaire, 1.200 enseignants et 300 inspecteurs ont été formés. De même que 700 directeurs et 75 formateurs. Des avancées ont été enregistrées aussi dans l’enseignement universitaire, selon le chercheur de l’Ircam.
Des filières dédiées aux études amazighes ont été créées jusqu’à présent dans trois universités, celles d’Agadir, Fès et Oujda, avec un effectif global de près de 1.050 étudiants. En dépit de ces réalisations, des faiblesses sont enregistrées. Pour le primaire, «il existe des régions mal loties par rapport à d’autres, c’est le cas des zones du nord et celles du Moyen Atlas», constate Khalafi. Avant d’ajouter que la langue amazighe n’est pas encore enseignée dans le collège et le lycée. Ces dysfonctionnements reviennent en particulier à l’absence, ces dernières années, d’un fort engagement de la part des partenaires pour la généralisation de l’enseignement de la langue amazighe.
Le même constat est valable pour le champ audiovisuel. Il est reproché aux deux chaînes de télévision publiques de ne pas respecter leur cahier des charges en ce qui concerne la programmation des émissions en langue amazighe.
La nouvelle chaîne amazighe, lancée en mars dernier, devrait déployer des efforts pour améliorer son attractivité. «D’une manière générale, la position du dossier amazigh dans les politiques publiques enregistre un déficit au niveau de l’application sur le terrain», conclut le recteur de l’Ircam.
Prix amazigh
LA célébration de la 9e année du discours d’Ajdir a été marquée aussi par une soirée artistique organisée au théâtre national Mohammed V pour la remise du prix honorifique de la culture amazighe pour l’année 2009. Celui-ci a été accordé au chercheur Ibrahim Akhyat. D’autres prix nationaux ont été décernés pour encourager l’excellence pour la promotion de la culture amazighe dans plusieurs domaines, comme la création littéraire, la traduction, le manuscrit et le cinéma.
Nour Eddine EL AISSI |www.leconomiste.com