Nord-Mali: des islamistes tuent un couple non marié par lapidation
BAMAKO – Des islamistes ont tué dimanche par lapidation un couple non marié à Aguelhok, dans le nord du Mali, le premier cas à ce jour connu dans cette région depuis son occupation totale par les groupes armés islamistes il y quatre mois, ont affirmé lundi à l’AFP deux élus de la région.
J’étais présent sur les lieux. Les islamistes ont amené au centre d’Aguelhok le couple non marié, l’homme et la femme ont été mis dans deux trous et les islamistes les ont lapidés jusqu’à ce que mort s’en suive, a déclaré un élu dont les propos ont été confirmés par un autre. Tous deux ont souhaité garder l’anonymat.
Le premier élu a affirmé que dès les premiers coups, la femme s’est évanouie, alors que l’homme a crié une fois avant de se taire. La scène s’est produite devant une foule d’environ 200 personnes, selon lui.
Le second élu a précisé que l’homme et la femme ont deux enfants, dont le dernier a six mois et qu’ils vivaient en dehors d’Aguelhok dans la brousse. Ils ont été ramenés en ville par les islamistes qui leur ont jeté des pierres jusqu’à la mort, a-t-il dit, ajoutant: des gens sont sortis pour voir ça, il y a eu des témoins.
La ville d’Aguelhok est contrôlée par le groupe armé islamiste Ansar Dine (défenseurs de l’islam), allié d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dont plusieurs membres se trouvent aussi dans la région. Aucun responsable islamiste n’a pu être joint par l’AFP concernant la mort de ce couple.
Aguelhok, localité située dans le nord-est du Mali entre Kidal et Tessalit, non loin de la frontière algérienne, a été désertée par la grande majorité de ses quelque 3.000 habitants depuis qu’elle est contrôlée par les islamistes.
C’est le premier cas de mort par lapidation rapporté dans le nord du Mali où des couples illégitimes, des buveurs d’alcool, des fumeurs, ont été fouettés en public dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou, également contrôlée par Ansar Dine et Aqmi.
Dans cette ancienne capitale intellectuelle et culturelle du Sahara, ils ont en outre détruit des mausolées de saints musulmans, provoquant l’indignation au Mali et à l’étranger.
Un autre groupe islamiste armé, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), est également présent dans le nord du Mali où il contrôle notamment la ville de Gao.
Les trois grandes villes et régions administratives du nord du Mali – Tombouctou, Kidal et Gao – qui représentent plus de la moitié du territoire de cet immense pays du Sahel, sont occupées par les islamistes armés depuis fin mars.
Ils en ont évincé totalement la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui avait lancé l’offensive avec eux en janvier. Leur objectif est d’imposer la charia (loi islamique) à tout le pays.
La chute du nord du Mali aux mains des groupes islamistes armés a été précipitée par un coup d’Etat militaire ayant renversé le 22 mars à Bamako le président Amadou Toumani Touré (ATT).
Les putschistes ont rendu le pouvoir aux civils en avril, mais les autorités de transition en place à Bamako n’ont jamais pu reprendre le contrôle du Nord du pays et une intervention militaire des voisins ouest-africains du Mali est actuellement à l’étude.
(©AFP / 30 juillet 2012 17h05)
www.maliweb.net/news/insecurite/2012/07/30/article,83332.html