Jouant de mes mots pour déjouer mes maux depuis plusieurs années déjà, j’avais atteint le stade où il fallait peut-être arrêter de se sentir mal pour écrire bien. Transcender le besoin presque atavique de me mettre dans les pires états pour faire ressortir de moi le meilleur dans l’écriture. Comme il la dit Mouna Hachim, Il faut tourner sept fois sa langue dans la bouche avant de parler… cette célèbre universitaire, a diffusée l’un des points de vue le plus pointue concernant la situation linguistique. Elle plonge aux origines de l’islam pour expliquer le conflit entre deux langues un dialecte: la culture de la construction contre la culture de la sentimentale. Elle s’appuie sur des exemples de l’histoire pour dénoncer, une culture et une idéologie ou un courant autodestructeur… En voici les extraits les plus significatifs, résumés et modelés avec nos soins. Au chapitre des questions délicates, la problématique linguistique est parmi celles qui cristallisent les revendications identitaires, nourrissant les débats. Dans toutes les langues. Revendications amazighophones, combat en faveur de la darija, soutien du bilinguisme franco-arabe, défense de l’arabe classique, langue du Coran et vecteur de cohésion avec les nations arabo-musulmanes. Avec l’arrivée de l’Islam, l’arabisation reste superficielle, limitée qu’elle était aux grands centres urbains. Contrairement aux préjugés relatifs à la Conquête, les Arabes n’ont pas dépassé les 13.000 hommes, accompagnés dans leur lancée par des Berbères orientaux Zénètes. Au XIIe siècle les almowhad, dynastie musulmane d'origine berbère, et avec l’arrivée massive, des Béni Hilal, l’histoire socioculturelle du Maroc connaît un tournant décisif. Déplacées par le sultan almowhade Yaâqoub el-Mansour sur les plaines atlantiques, avec femmes et enfants, ces tribus, suivies par les Maâqil d’origine yéménite, contribuent à arabiser en profondeur le monde rural. Elles portent toutes dans leurs bagages, leurs traditions culturelles dont l’épopée de leur Taghriba, dite geste des Béni Hilal qui alimenta de nombreux contes, faisant les joies des veillées nocturnes familiales ou des halqa des places publiques. C’est probablement de ces périodes que datent les prémisses de la formation du dialectal, fait de toutes ces interpénétrations arabo-berbères. Il est remarquable de constater dans ce cadre, le nombre d’emprunts que le dialectal doit au vocabulaire berbère, de même que toutes les similitudes syntaxiques. Sur le plan littéraire prospéra également, à côté d’une littérature savante, en arabe classique, un riche patrimoine oral millénaire en dialectal, notamment dans le registre de la poésie populaire dont l’un des fleurons est le Zajal. Né en Andalousie aux alentours du XIe siècle, le Zajal gagna l’ensemble du monde arabe et passa de l’oralité à l’écriture à travers les siècles, inspirant de nombreux artistes dont le grand parolier et homme de théâtre Ahmed Tayeb Laâlaj. Certaines cultivent, en effet, une vision victimaire et véhiculent les pires clichés d’un peuple « sans terre », colonisé par les Arabes, humilié et privé de l’expression de sa culture et de sa langue, alors que ce arabe la, reste plus marocain donc plus berbère que le berbère lui même. Sans entrer dans les détails scabreux de ces divagations, rappelons, pour rester dans notre thématique, qu’une nation comme la France, classée dans les premières loges en matière des droits de l’Homme proclame dans l’article 2 de sa Constitution que « La langue de la République est le français » que ce soit en Hexagone ou Outre-Mer. Cette vision ultra-jacobine doit, certes, s’adoucir sous nos cieux dans le sens de la promotion de la diversité linguistique, tout en veillant à ne pas se laisser déborder par tous les particularismes, au risque de se retrouver dans une véritable Tour de Babel. Ajoutons dans ce sens, l’émergence d’une nouvelle vague darijiste laquelle reste parfaitement revivifiante dans le cadre de la production artistique et culturelle avec son phénomène « Nayda » et sa salutaire et créative Movida à la marocaine. Mais, elle peut aussi se révéler anti-pédagogique, telle qu’elle est employée par une certaine presse darijophone qui se plaît à écorcher l’arabe, là où il s’agit de trouver une harmonie, fruit d’une réflexion stratégique autour d’un projet culturel et social constructif. Quant aux chantres de la darija à l’école, ils ne peuvent ignorer les disparités linguistiques entre les régions, ni faire l’impasse sur les risques de la création sur le long terme de grave fracture à l’intérieur du pays et avec le reste des nations arabes. Certains comme Michel Qitout vont jusqu’à privilégier la graphie latine, plus apte à transcrire le dialectal, évoquant les « aberrations de transcription de l’arabe dialectal en graphie arabe » !!! C’est dire nos craintes devant l’émergence de professeurs tournesols, lançant des expériences farfelues autour de questions graves. C’est tenter, en somme, de trouver une voix d’équilibre entre ceux qui derrière la valorisation des cultures autochtones jouent le jeu du cloisonnement, ceux qui veulent déifier la langue arabe, oubliant le message universel de l’Islam et ceux qui bloquent sa modernisation au risque de la faire entrer de plain-pied dans la catégorie « langues mortes ».