Hammou Ounamir est une histoire commune à tous les Amazighs. Il en existe des versions différentes selon les régions, mais la structure et le contenu narratif restent commun à quelques détails près. Ce mythe multimillénaire et à l'origine antéislamique conte l’histoire d’un jeune garçon, Hammou Oumanir. Enfant unique, ce dernier vit seul avec sa mère. Des anges jettent leur dévolu sur ce jeune garçon d’une beauté extraordinaire. Ces créatures célestes, figures féminines, le visitent la nuit et lui enduisent la main de henné durant son sommeil. Au réveil, Hammou Ounamir se rend à l’école coranique. Le fqih aperçoit son tatouage au henné et le punit pour être entré dans un lieu sacré avec une décoration profane.
Un jour, Hammou Ounamir réussit grâce à un stratagème à capturer une de ces créatures nocturnes. La femme ange accepte d’épouser Hammou, mais à une condition : il ne devra révéler la présence de cette dernière à personne, même pas à sa mère. Mais un jour, cette dernière viole l’espace interdit. L’être céleste met fin à son séjour terrestre et rejoint les cieux. Avant cela, elle enjoint à son mari de la rejoindre au septième ciel. Hammou Oumanir part à sa recherche, chevauchant un aigle. Il retrouve sa bien-aimée qui pose une nouvelle condition à leur bonheur : Hammou Oumanir ne devra jamais soulever le couvercle qui marque la frontière entre le ciel et le monde d’en bas. Un jour, il désobéit et aperçoit sur la terre sa mère déplorée, devenue aveugle à force de pleurer la disparition de son fils. Elle est seule le jour de l’Aïd, tenant son bélier, sans personne pour exécuter le sacrifice rituel. Hammou Oumanir s’élance du ciel, métamorphosé en pluie de sang. Une goutte de son sang redonne la vue à sa mère, une autre atteint le bélier et l’égorge. L’histoire de Hammou Ounamir est une parabole sur la quête humaine de la pureté, de la beauté et de l’amour que l’on ne retrouve pas ici bas, mais au ciel. De manière plus prosaïque, des chercheurs ont expliqué ce mythe comme une leçon sur le devoir envers les parents, qui doit primer sur les considérations passionnelles. Samira Mounir, dans un article publié dans Lamalif dans les années 70, y voyait même une version amazighe du fameux complexe d’Œdipe.