Dans le dernier numéro (N° 2551) du 29 novembre au 5 décembre 2009, le magazine Jeune Afrique consacre un large dossier aux Amazighs du Maroc, dont voici un tout petit extrait.
Les Nouveaux berbères
Intellectuels, linguistes, étudiants ou patrons...
Ils ont repris le flambeau de la défense de la culture amazighe. Mais différemment. En s'appuyant sur I'histoire du royaume, ils sortent du folklore et des antagonismes supposés.
Demandez à un taxi parisien dont vous soupçonnez le douar d'origine : « Algérien ? » et vous avez de fortes chances de récolter cette réponse: « Non, Kabyle! » Refaites 1'exercice avec l'« épicier arabe » du coin qui visiblement vient du Souss, la région d'Agadir: « Marocain ? — Bien sur ». II est soussi jusqu'aux ongles, mais jamais il ne mettra en avant ses origines au détriment de son appartenance nationale. II est à la fois soussi et marocain, et bien sur musulman. Ses différentes identités sont vécues et revendiquées tout uniment. Le Maroc est une lie bordée par des mers d'eau et de sable. La nation qui s'y est forgée à 1'abri des montagnes a pu - ou su - se préserver à travers les siècles. Cimentée par 1'islam et par un système de pouvoir original, sinon unique, c'est une nation complexe, éclatée, conflictuelle. L'Empire chérifien a été longtemps déchiré par des guerres entre Makhzen et Siba, pouvoir central et dissidence. Et cette dernière a été surtout le fait des tribus berbères, jalouses de leur liberté. A y regarder de prés, ces guerres n'empêchaient pas de respecter des valeurs communes. On combattait le sultan tout en disant la prière en son nom. « Le jour, on fait la guerre, et la nuit, la politique », dit l'adage. Après la dernière prière, les représentants des deux camps se retrouvaient pour chercher un terrain d'entente…
Par Hamid Barrada