S’interroger sur « La question berbère aujourd’hui » trouve sa légitimité des évolutions que la revendication amazighe a connues depuis l’avènement du XXIe siècle. Depuis 2000, après la mort d’Hassan II (1999) pour le Maroc et le printemps noir (2001) pour l’Algérie, les responsables des deux Etats déclarent ouvertement qu’ils veulent réconcilier avec leur amazighité. Par des initiatives officielles comme la création du HCA(Haut Commissariat à l’Amazighité ) en Algérie, l’IRCAM (Institut royal de la Culture amazighe) au Maroc, la création des chaines amazighes pour les deux Etats et le début de l’intégration de tamazight dans l’enseignement, les deux grands pays amazighophones affichent officiellement leur volonté, de rompre avec les anciennes méthodes de folklorisation, de marginalisation et de répression de toute revendication amazighe. En revanche, les mouvements amazighs aspirent mettre en place des projets sociétaux qui dépassent une simple revendication culturelle. Ainsi, après tant d’année de marginalisation, la reconnaissance timide des droits amazighs exprimée par les Etats se trouve face à la monté d’autres revendications sur la base de l’amazighité, à savoir les autonomies des régions amazighes (MAK pour la Kabylie et la même revendication dans le Rif marocain et dans le Souss). Cette demande s’exprime aussi sous le nom du fédéralisme. Dans le même sens, l’autochtonie des Amazighs, revendiquée par quelques tendances pour légitimer leur combat, vient compliquer la donne pour les Etats nord africains. Ils n’hésitent pas de retourner à la répression pour faire face à toute vision qui sort de la vision étatique à l’amazighité. Les arrestations des étudiants du MCA à Meknès (Centre du Maroc), Tinghir (Sud-est du Maroc) ou à Taghejjit (Sud du Maroc) et aussi la répression des manifestations des sympathisants du MAK à Tizi Ouzzou (Algérie) confirment la vision sécuritaire par laquelle les Etats nord-africains gèrent toute revendication sur la base de l’amazighité.
De l’autre rive de la Méditerranée, l’immigration berbère en Europe constitue un enjeu majeur qui peut peser lourdement sur l’évolution de la revendication amazighe. La notion de Franco-berbère, émergée depuis quelques années, vient ‘’prendre’’ la place des Franco-marocains ou Franco-algérien. Elle annonce le début d’une autre vision à ‘’l’identité d’origine’’, fondée depuis plus d’un siècle sur une base étatique (Marocain, Algérien…), linguistique (Des Arabes) et religieuse (Musulman). Le poids économique de ces immigrés peut-il constituer un élément déterminant dans l’évolution de la revendication amazighe dans les pays d’origine ?
Autant de problématiques, liées au contexte actuel de la revendication amazighe au Maroc, en Algérie et dans les milieux migratoires, que cette conférence aspire débattre avec des universitaires spécialistes en la matière, Tassadit Yacine, Mehdi Iazzi et Didier Le Saout.