Lors d’un débat télévisé et en réponse à une question sur l’hégémonie de la famille Fassi-Fihri et sa présence prédominante dans les postes de pouvoir et de la finance, Madame Babbou, la ministre de la santé marocaine, avance qu’il s’agit d’une observation à caractère raciste semblable au Dahir berbère. Elle déclare que la famille en question compte les meilleurs cadres et que c’est pour leurs compétences et leur mérite qu’ils sont sollicités. Puisque Madame la ministre a voulu donner cette dimension à la question, nous avons trouvé judicieux d’en discuter.
L’observation qui a été soumise à Madame la ministre concerne toute l’opinion publique marocaine. Aucune logique morale ou politique ne peut admettre qu’une seule famille occupe autant de postes visibles et invisibles dans les sphères de décision. Ce phénomène cristallise d’ailleurs le ras-le-bol de la population marocaine est constitue un sujet de désapprobation et de débat qui couvre toutes les couches sociales et même les milieux culturelles et politiques. Prétendre que cette idée est raciste revient à accuser de racisme toute la société marocaine, reniant cette situation navrante qui fait de la politique un moyen pour satisfaire les ambitions de ses proches. Il signifie aussi que les marocains vivent dans une ignorance totale des enjeux politiques qui motivent la classe politique.
Dire que les Fassi-Fihri sont les meilleurs cadres est une grave plaisanterie qui ne trompe personne. Tout le monde reconnait ce que notre peuple a produit comme cadre et comme compétences dans tous les domaines et dans toutes les régions du royaume. Beaucoup sont exclus, non pour leur manque de connaissances ou d’habileté, mais bien sous l’effet d’une logique purement raciste qui a fait que plus de 70% des postes d’influence dans l’état sont occupés par quelques familles depuis plusieurs décennies. Un bon nombre de nos compétences ont du d’ailleurs partir à l’étranger pour se voir reconnaitre leurs mérites et servir d’autres états. Puisque nous parlons du talent des fassis, pourquoi ne pas évaluer le travail de la diplomatie marocaine, justement tenue par des fassis, et qui nous conduit de fiasco en fiasco dans les sphères internationales ? Ainsi nous pourrons admirer le génie de la famille de Madame la ministre !
La réponse de Madame Baddou, choisissant l’attaque alors qu’elle aurait du rester sur la défensive, nous rappelle les dernière élections législatives de 2007 boycottées par 81 % des marocains fatigués par la mascarade du jeu politique. Cette mascarade a porté Monsier Abbas Elfassi, héros du scandale de la société NAJAT, à la primature, sans aucun mérite. Son parti est d’ailleurs à l’origine de la plupart des malheurs de la société marocaine. Dans ce contexte Madame la ministre essaye de faire oublier qu’elle fait partie d’un gouvernement sans légitimité, l’écrasante majorité des marocains ayant choisi de rester en dehors du jeu politique et réclamant la mise en place d’une vraie alternative politique qui passerait par la réforme de la constitution.
Ce que déplorent les marocains est l’hégémonie d’une certaine famille dans les milieux d’influence. Ce sentiment est devenu plus fort depuis l’arrivée de Monsieur Abbas Elfassi à la primature, il était absent sous les gouvernements Youssfi ou Jettou. C’est à se demander où étaient passés tous ces talents, dont regorge le gouvernement actuel ? On est en droit de se demander pourquoi le gouvernement Fassi n’a pas cherché à recruté dans les autres régions du pays ? Et comment se fait il qu’aucun marocain en dehors de certaines famille n’ai jamais pu accéder à la direction du parti de l’Istiqlal, chasse gardée de l’aristocratie andalouse ? Ce parti qui se veut le serviteur de tout le pays et qui prétend donner des leçons de patriotisme à tout le monde.
Quant à la question du Dahir berbère, il parait que Madame la ministre n’en connait que le nom. Le contenu de ce document, signé par le sultan du Maroc sous la pression du protectorat, n’a aucun contenu raciste et ne porte préjudice ni aux fassi, ni à personne d’autre. Ce décret visait l’organisation des tribunaux coutumiers dans la compagne marocaine. Le droit coutumier s’appliquait depuis toujours dans les tribus tant arabophones que berbérophones et a toujours été approuvé par les sultans marocains.
Madame Baddou qui besoin d’un minimum de formation en histoire et en idéologie, pense que critiquer la prépondérance n’a rien de légitime et qu’il relève d’une forme de racisme amazigh qui vise les arabes d’origine andalouse. Le fait est que ce sentiment de désapprobation est partagé par toute la population marocaine, dans les régions pauvres comme dans plus favorisées, la raison est que ce déséquilibre affecte la confiance des marocains dans leur dirigeants et menace les équilibres politiques au Maroc.