En hommage à Brahim Akhyat, l’un des fondateurs de l’association de l’université d’été d’Agadir (UEA), cette dernière organisa les 16-17 et 18 juillet 2010, sa neuvième session à la salle des fêtes de la municipalité d’Agadir. Durant deux jours (16 et 17), les conférenciers venus de l’Afrique du nord, de l’Europe et des USA, penchèrent sur l’analyse de différentes problématiques liées à la civilisation amazighe dans son passé, son présent et son avenir. La question centrale était de saisir les conditions sociales, historiques, anthropologiques et politiques qui garantirent la continuité de cette civilisation dans le temps et dans l’espace malgré la marginalisation officielle dont elle soufrait depuis des siècles.
La langue et la culture amazighes qui ne furent en aucun moment de l’histoire l’objet d’intérêt des pouvoirs centraux a réussi à garder sa continuité et sa vivacité. Elle s’exprime dans les langues des Maghrébins, leur façon de vivre, leur vision du monde, leurs comportements et leur architecture ancestrale.
Cette session consacrée à la civilisation et comment définir la civilisation amazighe est inaugurée par un essai de définition de la notion de civilisation (Aassid et Essafi et Handain) en intégrant la lutte pour l’identité amazighe dans l’interaction des éléments locaux, régionaux dans le cadre d’une globalisation qui remet en cause le model de l’état nation et, en conséquent, offre aux identités minorisées les possibilités de s’épanouir (Le Saout). Les aspects culinaires (Sabir et Raqbi) présentent des éléments importants pour saisir l’apport des Amazighs dans le domaine de l’alimentation. Un patrimoine millénaire qui mérite la revalorisation. D’autant plus qu’il confirme les relations historiques existant entre le Sud du Maroc et les Iles canaries. Cet aspect, en l’ajoutant à l’évolution de la toponymie depuis la période coloniale jusqu’aujourd’hui (Ait Bahcine) illustre l’évolution de la civilisation amazighe en contacte avec d’autres civilisations étrangères et confirme l’amazighité du Sahara (Arejdal).
L’apport des Amazighs dans le domaine juridique suscita un intérêt particulier de la part des intervenants. Depuis l’antiquité, les Amazighs ont contribué à l’évolution de la connaissance juridique et l’élaboration des lois (Id Belkassem), passant par la mise en place des lois relatives à la gestion du partage d’eau (Idlfkih), le droit coutumier (Yacine) qui a pris une place de choix pendant la période coloniale notamment la mise en place des tribunaux coutumiers (Hoffman) jusqu’à aujourd’hui ou le débat autour du code de la famille à montré l’importance du retour à quelques droits coutumier comme tamazzalt (El Melki). De son coté, la littérature amazighe, depuis la période coloniale et son évolution jusqu’aujourd’hui attira l’attention des chercheurs (Bouyaakoubi, Merolla et Chibani). Cette littérature, via quelques poèmes du Sud est marocain (Aqua) et les rites du mariage dans la région du Moyen-Atlas (Ait Berri) illustrent le rapport existant entre la parole et l’espace dans la production orale amazighe ainsi que le patrimoine plastique qui offre une issue pour relever les éléments importants qui distinguent la civilisation amazighe (Elhahi). L’intervention de Meryam Demnati traita la notion du « linguicide ». Il s’agit de voir le statut et l’avenir de l’amazighe, en analysant les politiques discriminatoires qui visent à éradiquer les langues via des politiques linguistiques. D’autres interventions se posaient la question sur les origines des Amazighe (Rakha) ou la pratique de « Rrhen » (Radi) dans la société amazighe du sud du Maroc.
La matinée du dimanche fut consacrée à la commémoration du 30 ème anniversaire de l’Université d’été d’Agadir par des interventions traitant la naissance et le parcours de l’université d’été d’Agadir (Gahmou et Handain) ainsi que son rôle comme cadre d’élaboration de nouveaux concepts (Sguenfele)
Par Amazighnews