Le journal « Le Monde Amazigh », l’Observatoire Amazighe des Droits et Libertés (OADL) et la Confédération des Associations Amazighs du Nord du Maroc organisant la conférence de Presse le Mercredi 13 octobre 2010 sous le thème « L’amazighité à la lumière du dernier rapport des Nations Unis relatif à la discrimination raciale», informent l’opinion publique de ce qui suit :
1) Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unis a édité son dernier rapport le 27 Août 2010 concernant l’Etat marocain. Les observations et les conclusions finales des experts internationaux de ce comité sont d’une grande importance étant donné les préoccupations et les recommandations qui y sont stipulées. Le comité se dit préoccupé par certains aspects discriminatoires de la politique de l’Etat marocain et lui recommande de rendre ce rapport publique, recommandation que l’état marocain a totalement ignoré, portant ainsi atteinte au droit des citoyens à l’information.
2) Les conclusions de ce rapport, les nombreuses entraves pour une réelle intégration de l’amazighe, le retard et la régression constatés dans ce domaine, nous confirme que le slogan brandit par l’état sur la diversité culturelle et linguistique au Maroc ainsi que la reconnaissance de la composante amazighe, n’était en fait que de la poudre aux yeux pour que l’état puisse redorer son blason et renouveler sa légitimité au niveau international. Et les faits sont là.
a) La constitution marocaine ne reconnaît toujours pas l’Amazighe ni comme langue nationale ni comme langue officielle, ce qui entraîne par conséquent aucune garantie de sa protection quelques soient les textes ou les circulaires concoctés par les différents ministères.
Dans le dernier rapport des Nations Unis, il est recommandé d’inscrire la langue amazighe comme langue officielle dans la constitution. (Article 11).
b) La mauvaise foi et l’absence de volonté politique de l’état ont engendré un retard considérable dans la généralisation de l’enseignement de l’Amazighe. Cette généralisation a non seulement prit beaucoup de retard, mais a reculé ou même stoppé dans certaines régions. Le traitement de ce dossier ira de la négligence, à la légèreté ou au mépris total. Arguments souvent avancé par les responsables : manque de ressources humaines ??? Plus de 15 000 enseignants ont été formés en amazighe par l’IRCAM mais seulement 5000 d’entre eux enseignent l’amazighe. Plus d’une centaine de nouveaux licenciés en Amazighe d’Oujda et Agadir se retrouvent sans travail.
e) L’état marocain continue à utiliser des concepts qui exclut totalement la composante amazighe tel que « Maghreb Arabe »,Al Watan el Arabi », « Arabo-musulman »…concepts qui donnent le sentiment aux imazighen d’être étrangers chez eux.
f) Aucune transparence de l’état marocain en ce qui concerne la carte linguistique et culturelle du Maroc réclamée par les Nations Unies, mais des réponses fuyantes où il est indiqué que le peuple marocain a une seule culture due à un brassage ethnique.( ???).
g) L’acharnement obstiné des membres du groupe parlementaire du parti de l’Istiqlal qui reviennent à la charge ces derniers jours quant à la proposition de loi concernant l’arabisation totale de la vie publique, (une loi où il est question de pénaliser toute personne, institution et association de lourdes peines allant jusqu’à 10.000 Dh s’il n’utilise pas la langue arabe et que la langue arabe !!!), faisant ainsi fi de toutes les décisions concernant l’Amazighité depuis 2001.
En négligeant le dossier amazighe et en revenant sur les acquis au lieu de les consolider, l’état marocain porte atteinte aux droits linguistiques et culturels des citoyens et ne fera qu’aller à l’encontre des recommandations des Nations Unies. Cette politique d'exclusion d’une grande partie du peuple marocain sera susceptible de faire perdre à l'état marocain toute sa crédibilité à l'intérieur comme à l'extérieur et mettra en péril la paix et la cohésion sociale dans ce pays.