L’Université populaire a tenu sa sixième session samedi 13 octobre à Azrou, sous le slogan «Quels mécanismes pour actualiser le caractère officiel de la langue amazighe?". Les travaux de cet Université, qui ont eu une grande audience, ont commencé par une séance inaugurale : Discours du Secrétaire général du Parti du MP, Mohand Laenser et du coordinateur de l’Université Mohand Ouzzin, et interventions de Mustapha El-Khalfi du Parti de la Justice et du Développement, de Houcine Chaâbi du Parti du Progrès et du Socialisme, de Mohammed El Menouar de l'Institut royal de la culture amazighe et d’Ahmed Assid de l’Observatoire amazighe des droits et libertés.
Ces interventions ont abordé les aspects de la loi organique de l’amazighe, ses fondements, ses orientations et les domaines de son application, ainsi que la loi organique du Conseil national des langues et de la culture marocaine, son organisation, les parties concernées et les pouvoirs et fonctions qui lui sont confiés. Toutes les interventions ont insisté sur l’importance de la promulgation de ces lois organiques considérées comme l'une des priorités de l'action gouvernementale durant le mandat actuel.
Les nombreuses questions soulevées pendant la séance inaugurale ont été approfondies dans deux ateliers : l’atelier de la loi organique animé par Lahcen Oulhaj, doyen de la Faculté de droit à Rabat et Himmi, activiste amazigh et l’atelier du Conseil national des langues et de la culture marocaine, animé par Meryam Demnati de l’Observatoire amazigh des droits et libertés et Khalid Zirari, vice président du CMA. Sur la base d’une évaluation critique de la situation de l’amazighe dans différents secteurs, les participants à ces ateliers ont développé des propositions capables d’activer le contenu de la nouvelle Constitution, dans le but de garantir la protection légale à l’amazighe et les fondements institutionnelles pour sa gestion dans les différents secteurs.
Les participants aux ateliers ont conclu à une série de recommandations importantes qui se résument comme suit:
1) la nécessité d'accélérer la formation, par le gouvernement, des comités de la loi organique de l’amazighe et du Conseil national des langues et de la culture marocaine, et de procéder, au cours de l'année 2013, aux consultations nécessaires avec tous les acteurs, afin de terminer la rédaction des lois mentionnées au cours de l’année susmentionnée.
2) l'adoption du principe de l'interprétation démocratique de la Constitution et le principe du maintien des droits acquis, et ne pas tenir compte des positions idéologiques qui rejettent le changement, l'équité et la réconciliation nationale, et qui ne contribuent pas au succès de la transition démocratique espérée.
3) la prise en considération de tous les domaines statués par la loi organique de l’amazighe comme des domaines prioritaires sans négligence aucune ni retard, et l'adoption du principe de la progression réaliste sur la base d’un agenda raisonnable pour la mise en œuvre dans les domaines de l'éducation, des médias, de la justice, des enseignes de l’espace public, des panneaux de signalisation et de signalétique, de la santé et de l'administration territoriale.
4) l'adoption de la loi organique de l’amazighe dans le domaine de l'éducation sur la base des acquis réalisé depuis 2003, et qui consistent en l’aspect obligatoire de la langue amazighe, la généralisation horizontale et verticale de son enseignement, l’unification de la langue et son écriture en tifinaghe, son alphabet d’origine.
5) la nécessité d’entamer l'actualisation du caractère officiel de la langue amazighe dans les domaines qui n'ont pas besoin de beaucoup de temps ou de crédits importants, tels que les enseignes des institutions publiques et des entreprises semi-publiques et privées, des magasins, des partis politiques, des associations et des organisations civiles, etc.
6) charger le Conseil national des langues et de la culture marocaine de la tâche stratégique de développer les orientations générales et les grands choix de la politique linguistique et culturelle du Maroc concernant les deux langues officielles, l’arabe et l’amazighe ainsi que les éléments constitutifs de la culture marocaine, tout en sauvegardant les acquis réalisés et en tenant compte du cumul positif dans ce domaine.
7) Le Conseil doit s’atteler au développement et à la promotion des différentes expressions linguistiques nationales, et ce en coordination avec les institutions compétentes dans ce domaine, qui font partie du Conseil, et réaliser le plan d’action de ces institutions.
8) Afin que le Conseil évite les débats idéologiques stériles qui ne respectent pas la Constitution du pays et qui ne tiennent pas compte des développements réalisés, et afin d’être en mesure d'atteindre ses objectifs et de s'acquitter au mieux de ses fonctions, il est nécessaire d’instituer dans son statut de se conformer au texte de la Constitution, à référence internationale des droits de l’Homme, et au processus de la réconciliation nationale et de la transition démocrate.
9) Le Conseil doit assurer l’ouverture à toutes les composantes, la société civile en particulier, et inclure des représentants des associations culturelles amazighes et des droits de l’homme.
10) fournir les moyens financiers nécessaires à l'actualisation du caractère officiel de la langue amazighe dans tous les secteurs, et à la mobilisation par l'encadrement des citoyens à travers les médias et tous les canaux de communication disponibles.
11) revoir les contenus des programmes scolaires et les purger de tout ce qui est incompatible avec le caractère officiel de l’amazighe, l'identité, langue et culture, et avec la politique de sa promotion.
12) mettre fin à toutes les formes de ségrégation et de violations ciblant les aspects de la langue, de l'identité et de la culture amazighes dans tous les domaines, en particulier le domaine de l'état civil où plusieurs prénoms continuent à être interdits à l’intérieur du Maroc et dans les consulats marocains à l'étranger, et organiser des rencontres d’encadrement, d’information et de communication en faveur des fonctionnaires dans ce domaine.
14) adopter une nouvelle approche de la lutte contre l'analphabétisme en utilisant la langue amazighe avec les amazighophones pour les encadrer dans tous les domaines et pour lutter contre l'ignorance, ainsi que la lutte contre l'analphabétisme en enseignant la langue amazighe aux non amazighophones.