Une rencontre de femmes amazighes de l'Afrique du nord et du Sahel a eu lieu vendredi 16 Août 2013 à Tanger dans le cadre du festival Twiza. Ce fut l'occasion pour les femmes amazighes de Libye, de Tunisie, de l'Azawad, d'Algérie, et du Maroc de faire entendre ensemble leur voix. Cela leur a permis de faire le point sur la situation d'injustice et de discriminations que vivent les femmes dont l'aspect juridique n'est que l'aspect visible.
La rencontre a débuté par la lecture d'un poème dédiée à la femme amazighe par Khadija Arouhal, artiste de la région de Tiznit. Puis, Inès Miloud, représentante de la Libye, a décrit la situation des femmes amazighes qui ont combattu courageusement pour faire tomber le régime dictatorial qui les a longtemps privé de leurs droits matrimoniaux et identitaires. Aujourd'hui, elles continuent à se battre pour arracher leurs droits légitimes en tant que femmes, réprimées dans sa féminité et son amazighité. Maha Jouini, amazighe de Tunisie, après avoir donné un bref aperçu sur la situation de la femme amazighe dans l'antiquité puis dans l'ère islamique, a exprimé sa douleur, la gorge serrée, de ne pouvoir aujourd'hui présenter cette région comme modèle porteur d'espoir. Face aux évènements récents en Tunisie, face à des mouvements obscurantistes menaçants, l'avenir paraît incertain, et la lutte plus ardue encore.
Saoudata Wallet, coordinatrice des programmes de l'association féminine Tinhinan au Mali et au Burkina Faso, a décrit quant à elle, la situation critique dans laquelle vivent les Touaregs en général et la femme azawadienne en particulier. Les Touaregs ayant longtemps été privés de leurs droits identitaires, culturels et politiques dans cette région, se trouvent encore aujourd'hui menacé par la négation totale de leur communauté. La femme amazighe de l'Azawad est menacée dans ses droits, elle qui a toujours eu un statut honorable au sein de sa société. Le MNLA, porte parole officiel de cette région de Tamazgha, se bat actuellement pour une autonomie légitime où la culture, les coutumes et la l'identité touareg seront respectées.
Quant à l'Algérie , elle fut représentée remarquablement par Aldjia Matoub, mère de l'artiste engagé amazigh Lounès Matoub, assassiné lâchement par des obscurantistes en 1998 et sa sœur Malika Matoub, fondatrices toutes deux de la Fondation Lounès Matoub. Toutes deux, ont tout d'abord par des poésies magnifiques et émouvantes décrit les souffrances et le courage de la femme amazighe, face à une société discriminatoire et violente. Elles ont ainsi prouvé que résister par la culture est un moyen formidable et opérant pour la lutte pour la reconnaissance efficiente de l'amazighité et la construction d'une société démocratique où la femme aura enfin tous ses droits.
Pour finir, Meryam Demnati, membre de l'observatoire amazighe des droits et libertés, après avoir donné l'état des lieux de l'Amazighité au Maroc, s'est exprimée sur ce qui fait la particularité de la femme Amazighe doublement agressée ; dans sa féminité et dans son amazighité. Subissant une double discrimination, non seulement il lui faudra lutter pour arracher ses droits légitimes et matrimoniaux, mais il lui faudra aussi en tant que principale gardienne et trésorière de la Culture Amazighe lutter contre la marginalisation de sa langue et de sa culture. Elle prône sa meilleure intégration dans le système moderne de développement économique, culturel et social, et ce tout en sauvegardant son identité.
Cette première rencontre a vu la naissance du Forum des femmes amazighe de Tamazgha dont les objectifs principaux sont de tisser des liens étroits entre les femmes des différentes régions de Tamazgha, de promouvoir leurs droits conformément aux instruments internationaux de protections des droits humains et de contribuer de manière efficace et efficiente à tous les chantiers pour la réhabilitation de l'Amazighité dans toutes ses dimensions.