Sous la supervision du Professeur d'anthropologie Mr Lahoucine Bouyaakoubi, le master « Langue et culture amazighes » à la faculté des lettres et des sciences humaines à l'université Ibn Zohr d'Agadir a accueilli le samedi 27 septembre 2014 les deux anthropologues français : Mme Monique SELIM et Bernard HOURS dans un débat scientifique autour de la thématique d'anthropologie.
La rencontre s'est commencée par la présentation des deux chercheurs ainsi que leurs parcours scientifiques différents mais aussi complémentaires, les deux chercheurs exercent ensemble à l'Institut de Recherche pour le Développement, animent des conférences dans divers universités et instituts notamment l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS), ils font également partie de plusieurs laboratoires et centres de recherche. Pour Mme Monique Selim, elle est spécialiste en anthropologie urbaine et l'anthropologie du travail, elle a effectué des enquêtes sur le terrain afin d'étudier anthropologiquement : les quartiers populaires français, la société civile en Chine. Quant au chercheur Mr Bernard Hours, il est principalement spécialiste dans les questions liées aux phénomènes politiques et religieux, l'anthropologie médicale et la globalisation (action humanitaire, travail des ONG). Les deux chercheurs ont mené des enquêtes sur le terrain dans plusieurs pays, à savoir : la Chine, l'Ouzbékistan, le Camerone...
En partant de la riche, la longue et la remarquable expérience de ces deux chercheurs dans le domaine de l'anthropologie comme science et discipline, un débat fructueux est ouvert entre eux et les étudiants chercheurs du master. Un débat qui s'est articulé autour de plusieurs idées : l'anthropologie au niveau national et international, la place du Maroc dans les études et les recherches anthropologiques au niveau mondial, les notions de base liées à l'étude de l'anthropologie (culture, identité, aires, enquêtes...), la différence entre la sociologie et l'anthropologie (cette dernière prend en considération le travail sur le terrain par des enquêtes avec la mise en valeur des rapports sociaux mais aussi le décryptage et l'interprétation des rôles des acteurs), l'anthropologie médicale et la médecine traditionnelle, l'anthropologie à l'époque coloniale, la distinction entre le travail de l'ethnographe (qui s'intéresse à la description), de l'ethnologue (qui pose des questions) et l'anthropologue (qui s'intéresse au mode de pensé des gens en combinant entre la diversité des cultures et l'unanimité de l'homme), l'anthropologie et l'idéologie, le bilan des études anthropologiques, les sociétés de consommation, la position des Etats à l'égard du travail des anthropologues, les obstacles liés au travail de l'anthropologue (rigidité bureaucratique, influence des différentes autorités religieuses, politiques et économiques...
Le débat lié au rôle de l'anthropologie aujourd'hui a pris une part importante au niveau de cette discussion scientifique, il est signalé qu'il n'est plus actuellement de dichotomie (communiste/capitaliste, Nord/Sud...) dans une atmosphère de globalisation. Egalement, l'anthropologue a le rôle de comprendre l'imaginaire des gens dans un monde pluriel et dans une situation de changement, mais aussi de comprendre comment les individus choisissent leur imaginaire. La question relative à la crise de l'anthropologie est également débattue, à cet égard les deux chercheurs se sont mis d'accord de dire que la société qui est en crise et non pas la discipline.
Les deux chercheurs ont aussi abordé les sujets liés aux nouvelles technologies de communication comme l'internet et le numérique, ils peuvent- à leur dire- devenir des nouveaux sujets de recherche en anthropologie.
Par : Rachid NAJIB