Pendant plus de cinq décennies de l’histoire du Maroc contemporain, le Mouvement amazighe (MA) a joué un rôle important dans le processus de transformation portant sur les questions relatives à la langue, à la culture et à l’identité.
Il a alimenté le débat qu’a connu le Maroc sur le pluralisme,la diversité, la démocratie et les droits de l’homme ainsi que la manière avec laquelle l’Etat et la société marocains ont géré cela. Dès sa naissance et durant son expansion sociale, ce mouvement a essayé de donner au concept de démocratie, dans la vie politique et culturelle du Maroc, tout son sens global et unifié en s’appuyant sur un principe de base qui est l’unité dans la diversité et en soulignant la réalité sociolinguistique, historique et anthropologique de la société marocaine au moment où la pensée jacobine, unique et assimilatrice, s’imposait dans les choix politiques et culturelles de l’état et chez la plupart des tendances politiques, sociales et associatives.
Le MA a eu, au cours de son évolution, suffisamment de courage - fondé sur un savoir scientifique, une conscience sociopolitique et une légitimité juridique et démocratique - pour critiquer les politiques de l’Etat et le discours de la majorité des partis politiques qui se sont appuyés dans leurs idéologies sur deux éléments qui sont « l’arabisme et l’islam » dans leur conception exclusive et dogmatique de l’identité de l’Etat. Le MA, à travers son discours, le travail de ses composantes civiles et les productions de ses chercheurs et créateurs, s’est efforcé à clarifier et à montrer que le Maroc est une entité culturelle, civilisationelle et politique indépendante, interagissant avec les deux civilisations, occidentale et orientale, ainsi qu’avec le reste des cultures et affiliations tout en conservant les éléments substantiels de son entité multiple, ouverte et différente.A mesure que les contextes sociopolitiques évoluaient, que les événements politiques et culturels se développaient et que la conscience identitaire amazighe grandissait, les acteurs académiques et associatifs formulaient un discours et une série d’écrits autour de concepts clés qui portaient sur les droits linguistiques, culturels et juridiques à tel point qu’on pourrait parler actuellement de projet de société correctif qui s’appuie sur la vision d’une société alternative qui s’intègre harmonieusement à un projet démocratique, moderne et capable de contribuer efficacement à corriger la perception de certains concepts tels ceux de développement ou de nationalité et à remédier aux lacunes de certaines approches sociales et territoriales adoptées au Maroc en vue de dégager ces concepts et ces approches de l’impasse et du gaspillage qui entourent leur parcours hésitant.
Le MA s’est employé depuis des années à créer des ponts de communication avec des organismes démocratiques civils et politiques du Maroc, estimant qu’il n’y a pas d’avenir pour la démocratie et qu’il est impossible de réaliser un développement réel sans assurer à l’amazighe une équité qui lui permettra de jouir pleinement de ses droits. Or, cela ne peut avoir lieu que dans un cadre international démocratique et un réel projet de développement. Ce qui explique l’appui qu’apportent actuellement des organisations démocratiques au MA en soutenant ses revendications et en adoptant une partie importante de son discours ; étant convaincues, elles aussi, du rôle central de la culture et de l’équité sociolinguistique dans la construction d’une société marocaine plurielle, puisant son unité dans la diversité démocratique.
Aujourd’hui, et après un demi siècle d’actions militantes d’obédience associative, juridique et académique, l’amazighe a réalisé un ensemble d’acquis comparativement aux décennies précédentes tant au niveau de l’éducation, de l’espace médiatique qu’au niveau de l’espace public...et il a pu imposer sa place en tant que substrat de l’identité nationale et en tant que langue officielle comme cela a été stipulé dans la Constitution de 2011.
Mais immédiatement après sa constitutionnalisation, les observateurs et les analystes ont noté qu’au lieu de confirmer les acquis et les avancées réalisés à propos de l’amazighe, une régression a touché divers aspects notamment en matière de l’éducation et des médias ... surtout avec le retard patent dansla promulgation des lois relatives à la mise en œuvre de la constitutionnalisation de l’amazighe et la création du Conseil National des Langues et de la Culture Marocaine. Les projets de lois portant sur ces deux questions et ayant été présentés au Parlement ont provoqué une déception dans les rangs du MA et de plusieurs acteurs qui opèrent dans le domaine des droits de l’homme ; ce qui a suscité des réactions diverses incitant les responsables à rectifier le tir et à réviser les deux projets de loi organiques tout en impliquant les acteurs de la société civile dans une approche participative qui ouvrirait le champ à un débat consciencieux et sage à propos de la gestion de la politique linguistique et de la diversité culturelle au Maroc.
Partant de ce diagnostic, et dans le cadre de l’approche préconisée par l’Université d’Eté (UE) en tant que forum de discussion et de débat sérieux, et dans le cadre de la commémoration de son 40 ème anniversaire, l’UE organise un colloque international dont l’objectif est d’évaluer le parcours du MA et le cumul réalisé, les échecs qu’il a connus, et les attentes en suspens. A travers cette rencontre scientifique, l’UE ambitionne d’ouvrir un débat sociétal fructueux en vue de jeter la lumière sur la gestion des questions relatives à l’identité, au plurilinguisme et à la diversité culturelle dans
leur rapport à l’amazighe en Afrique du Nord et Sub-saharienne.
La réflexion autour de cette problématique pourrait s’inscrire dans les axes suivants (liste non exhaustive) :
- L’évolution dans l’approche adoptée par les mouvements sociaux et la société civile vis-à-vis de l’amazighe
- L’amazighe et les partis politiques : discours et pratique
- Les états et la gestion de l’amazighe en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne.
15 avril Délai butoir pour la réception des résumés
20 avril Réponse du comité scientifique
1 er juin Envoi du texte intégral
1 er juillet Programme définitif du colloque
11-14 juillet Tenue du colloque
Les propositions de communication et les textes intégraux sont à envoyer par courriel à l’adresse suivante :
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Le résumé de communication, qui ne doit pas dépasser 500 mots, doit être composé des éléments suivants : le titre de la communication, la problématique à traiter, les résultats escomptés et une brève bibliographie. Il est aussi demandé à l’auteur d’envoyer une notice biographique (100 mots).
Rachid El Hahi
Mohamed Sguenfle
Mohamed Blilid
El Houssaine Ousgane
Brahim Labari
Abdelhakim Aboulouz
Aboulkacim El Khatir
Mohamed Hendaine
Abdelaziz Blilid
NB : L’hébergement (pour les intervenants qui ne résident pas à Agadir) et la restauration sont pris en charge par l’Université d’Eté, et ce durant la tenue du colloque