Le ministre de la Communication au Maroc, Khalid Naciri a affirmé, mardi, devant la Chambre des Représentants que " le plan d'action et les projets qui seront exécutés durant l'exercice 2009 se résument en la poursuite par la Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision du processus de préparation de la future chaîne de télévision amazighe de façon à garantir à cette nouvelle offre télévisuelle la qualité requise tout en lui assurant les conditions de continuité et d'évolution eu égard à la place particulière de la culture et de la langue amazighe en tant que composante fondamentale de l'identité nationale ".
Même si c'est du déjà vu (entendu), cette longue et ennuyeuse phrase en dit long: les termes "plan", "projets", "processus de préparation", "future chaîne" sont parmi les favoris des ministres de la Communication au Maroc. Seulement quand il s’agit d’évoquer le projet de la création de la chaîne amazighe. Ils sont tellement optimistes - et tant mieux - qu'ils emploient toujours le futur pour parler de la chaîne amazighe. Nous mettons au défi M. Naciri de traiter la question de la chaîne amazighe au présent ! Mais parler de la chaîne amazighe au présent de l’indicatif se résume à ne rien dire du tout. Puisque aucun effort n’a été effectué pour faire de ce projet une réalité. Tout l’appareil étatique est mobilisé contre ce projet malgré les innombrables speechs qui commencent à en agacer plus d’un(e)…
Encore une fois, on prend les Amazighs pour des attardés mentaux pour ne pas dire autre chose. En cette fin d'année 2008, on nous informe que c'est en 2009 que la chaîne amazighe verra le jour. En 2007, le même ministre a répété que l'indésirable chaîne sera créée début 2008. Son prédécesseur, Benabdallah avait visé la période de début 2007. Donc logiquement, en 2009, on nous assurera sûrement que la chaîne amazighe accouchera en 2010 et ainsi de suite…Mais jusqu’à quand ? La question ne s’adresse pas au gouvernement qui est par essence haineux de tout ce qui est amazigh, mais elle s’adresse aux Amazighs qui, par leur indifférence, alimente et encourage toutes ces discriminations qu’ils subissent.
Et en attendant, que se passe-t-il ?
Le makhzen met le turbo et les bouchées doubles pour augmenter le nombre de productions arabes, en créant d’autres chaînes arabes. Sûrement pas dans le but d’améliorer le paysage médiatique comme on aimerait nous le faire gober prétextant l'illusoire réforme de l'audiovisuel marocain. Mais dans l'unique but d'arabiser les Amazighs. Ainsi, la SNRT que cite Naciri est en ce moment même en train de présenter plus de 40 productions arabes (TV et Radio) financées avec l’argent des Amazighs, au Festival des Médias Arabes, qui a lieu du 11 au 16 Novembre au Caire. Les prix de ce festival sont d'une valeur de 3 millions de dirhams. Il faut savoir aussi qu'au mois de Mai dernier, la SNRT a lancé une nouvelle chaîne arabe AFLAM TV. La HACA, elle, s'apprête à étudier la candidature du Groupe Benjelloun (Finance.com) avec la création d'une nouvelle chaîne privée (arabe): ATTALITA (La3).
A noter que tout récemment, la SNRT est devenu actionnaire d' Euronews et que si le projet de La3 séduit la HACA, elle sera partiellement financée par le Fonds Mediterannea, programme euro-méditerrannéen. Même si on condamne les Euro-arabistes, il n’y a pas plus arabistes que les Amazighs. Ainsi, le recteur de l'IRCAM, Ahmed Boukous, certifie le plus normalement du monde que "toutes les conditions nécessaires sont réunies" pour concrétiser une des missions de l'IRCAM, à savoir la création de la chaîne amazighe. En fin de compte, nous préférons les harangues de M. Naciri même si elles se projettent au futur !
Alahyan Fatima