Maroc: Pour (sur) vivre, il faut se vendre!

Marié à Saadia et père de la petite Hind, Aziz Kaissouni n’a que 26 ans. C’est un jeune athlète marocain, fier de courir sous les couleurs (officielles) de son pays. Malheureusement, le malheur n’a pas épargné cette modeste famille qui habite près de Casablanca, à Ain Harouda.

En effet, après avoir subi une « erreur médicale » à la naissance, Hind a besoin d’un traitement médical que ses parents ne peuvent lui offrir, faute de moyens. Comme vous savez, au Maroc, il y a énormément de volonté politique via divers programmes pour venir en aide aux pauvres, notamment le Ramed (Régime d'assistance médicale aux économiquement faibles). Mais il faut être chanceux pour avoir votre part du gâteau. Il n’y a de couverture médicale que pour les gens aisés dans ce pays, en « transition démocratique » dit-on. D’ailleurs, il y a vraiment de tout dans ce pays. Ainsi, il y a aussi des personnes encore plus aisées, pour ne pas dire « super aisées ».

Je parle, par exemple, de Abdeslam Ahizoune, amazigh que de nom,  qui dirige la société Maroc Télécom. Au passage, le groupe de Maroc Télécom a réalisé  14.3 milliards de dirhams au 1er semestre 2008…De quoi réjouir notre triple PDG qui dirige également (car il adore travailler) la Fédération Marocaine d’ Athlétisme et, depuis peu, la chaîne franco arabiste, Médi1 Sat.  Plein aux as, l’ancien ministre n’a pourtant pas répondu à l’appel de Aziz Kaissouni qui demande un soutien pour soigner sa fille. Ce qui ne représente que des broutilles pour le très riche homme d’affaires. Quand au makhzen, n’en parlons pas. Comme vous savez, l’état marocain vous encourage à rayonner l’image du pays mais quand vous risquez de compromettre cette image, ni vu ni connu comme dirait l’autre.

Pendant que le PDG de la Fédération Royale Marocaine d’Athlétisme touche divers salaires, primes, bonus (VIVENDI) et autres  indemnités de fonction, l’athlète Kaissouni est contraint de penser à la vente d’un de ses reins pour soigner sa fille handicapée. Rappelons que nous nous situons au Maroc, à l’aube de 2009.
Pendant que les milliards défilent sous leur nez, les marocains, qui n’ont pas trouvé un moyen de quitter leur pays, sont forcés de se vendre pour sauver leur peau. Certain(e)s vont vendre leur chair aux riches princes du Golfe, d’autres vendent leurs reins.  En tout cas, c’est toujours mieux que de vendre sa dignité, comme ce triple PDG ircamo-arabiste dont un des meilleurs amis n’est autre que Si Mounir Majidi, secrétaire particulier du roi…On est en droit de s’interroger : où Diable se cache cette solidarité arabo-islamique  avec laquelle on nous casse incessamment les pieds ?